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Archives 2001-2002
The "Cockleshell Heroes" (Coquilles de noix)

 
Les élèves de la section 4° européenne du collège vous proposent de faire plus ample connaissance avec ces héros de la seconde guerre mondiale.

En vous promenant autour du phare de Saint Georges de Didonne, vous avez sûrement été intrigués par la plaque commémorative de l'opération Frankton, un épisode de la guerre très mal connu dans la région où il s'est déroulé, mais célèbre en Grande Bretagne.
Un film des années 50 " Cockleshell heroes " (titre français, " Commando sur la Gironde ") retrace de façon un peu fantaisiste ce fait historique et nous l'avons vu et étudié avec notre professeur d'anglais.

Cet événement a eu lieu en 1942 et les protagonistes sont britanniques, mais quelques français y ont participé et quatre y ont laissé leur vie, ainsi que huit jeunes Marines.

Dans l'avant-propos du livre " Cockleshell Heroes " de C.E Lucas Phillips, l'amiral Lord Louis Mountbatten a écrit :

"Of the many brave and dashing raids carried out by the men of the Combined Operations Command, none was more courageous or imaginative than Operation Frankton."

( Parmi les nombreuses opérations éclair audacieuses effectuées par les hommes du Commandement des opérations interarmées, aucune ne fut plus courageuse ou imaginative que l'opération Frankton.)



Le raid

Le 7 décembre 1942, le sous-marin HMS Tuna émergea des profondeurs de l'océan, à quelques milles de la Pointe de Grave. Des ombres fugitives déballèrent des sacs et commencèrent le montage des kayaks biplaces Cockle Mark 2 (coque de noix modèle N°2). Parmi les six kayaks prévus, l'un fut endommagé à la sortie du submersible et seuls cinq équipages entreprirent de remonter l'estuaire de la Gironde en se cachant de jour pour poser des mines sur les navires allemands du port de Bordeaux . Arrivés à Bordeaux, ils abandonneraient leurs canots et essaieraient de rejoindre Ruffec, où devaient les attendre des membres de la Résistance.

Une des cinq embarcations disparut en traversant la barre, et une seconde chavira peu après (les deux membres de l'équipage furent remorqués près du rivage et abandonnés à leur propre sort). Les trois autres kayaks furent portés par la marée près du môle du Verdon et obligés de se glisser entre le môle lui-même et quatre navires ennemis à l'ancre. Peu après, l'un des trois kayaks fut séparé du groupe et on ne le revit plus.

Les deux kayaks restants, CATFISH (avec à son bord Hasler et son co-équipier Sparks), et CRAYFISH, ne pouvaient naviguer que de nuit et avec la marée favorable. Il leur fallait passer la journée cachés dans les broussailles de la berge. Le 11 décembre, tôt dans la matinée, ils trouvèrent enfin, en face de Bassens, un endroit où se cacher.

Cette nuit-là, vers 21h, les deux kayaks se préparèrent à exécuter la dernière phase de leur mission. Le CATFISH se dirigea vers les quais de la rive gauche et réussit à fixer des mines-ventouses sur trois grands navires amarrés à cet endroit. Le CRAYFISH, ne trouvant aucune cible digne d'intérêt sur la rive droite, retourna à Bassens et attaqua de la même manière deux navires qui y étaient amarrés.

Mission accomplie, les quatre hommes avaient seulement quelques heures pour s'enfuir de la région, détruire leurs kayaks et entreprendre à pied le voyage jusqu'à Ruffec. Ils se hâtèrent de descendre la Gironde, atterrirent près de Saint-Genès-de-Blaye, coulèrent leurs embarcations et s'enfoncèrent dans les terres. Pour plus de sûreté, les deux équipes se séparèrent.
Pendant ce temps, les mines avaient explosé. Quatre navires, le DRESDEN, le TANNENFELS, l'ALABAMA et le PORTLAND avaient été très sévèrement endommagés. Dans le cas du DRESDEN, sous prétexte de combattre l'incendie qui se propageait, les pompiers du port aggravèrent les dégâts en l'inondant afin d'aider à le couler. On ne sait pas ce qu'il advint des deux autres navires, un pétrolier et un Sperrbrecher allemand.
 
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L'itinéraire de repli.


Les deux groupes vont entreprendre une randonnée de 160 Km dans le froid, sous la pluie, et souvent la nuit pour rejoindre Ruffec. Le 14 Décembre, l'un des deux groupes, trahi à Montlieu La Garde et arrêté par les gendarmes, est remis aux Allemands ,et sera fusillé en Mars 1943). Il ne reste plus après cette arrestation que deux hommes (Hasler et Sparks) perdus sur les routes Girondines puis Charentaises.

Après le 7ème jour de marche, mourant littéralement de faim, ils parviennent à Saint-Même les Carrières. Pris en charge, hébergés, nourris (à citer l'accueil inoubliable de Clodomir Pasquereau) par certains habitants, ils atteignent Ruffec le 18 Décembre après-midi.

Hasler et Sparks ont traversé : St-Genès de Blaye, Brignac, Donnezac, Rouffignac, Ozillac, St-Germain de Vibrac, St-Ciers Champagne, Touzac, St-Preuil, le Temple, Beaunac, Raix.

A Ruffec, ils savent seulement qu'ils doivent rencontrer un monsieur Armand dans un petit hôtel de la ville. Au hasard, se fiant à leur flair, car ils n'ont aucune adresse pour trouver ce monsieur, ils s'arment de courage et entrent à l'Hôtel-Restaurant de la " Toque Blanche ".
A la nuit tombée, à travers bois, un passeur les conduit jusqu'à Marvaux, dans la ferme isolée de Mr et Mme Armand Dubreuille, membre du réseau " Marie-Claire ", réseau mis en place par Marie Lindell, Comtesse de Milleville.
Dès le lendemain, monsieur Dubreuille (le monsieur Armand de Londres) envoie un télégramme à Lyon à l'adresse de Marie Lindell, puis un autre et encore un autre, sans réponse ! Les deux anglais, cachés dans une chambre de la ferme, ne sortant que la nuit, commencent à trouver le temps long.

Enfin, après 42 jours d'attente, dans l'angoisse que l'on devine, le fils de Marie Lindell, âgé de 18 ans, arrive et prend en charge les deux hommes. Aussitôt, ils partent sur trois vélos jusqu'à Roumazières où, au culot, ils prennent le train jusqu'à Limoges, puis Lyon où les attendait Marie Lindell qui avait été victime d'un grave accident.
A partir de là, plusieurs résistants les aidèrent jusqu'à Perpignan, puis ils traversèrent les Pyrénées à pied dans la neige et arrivèrent enfin au Consulat Britannique de Barcelone, et finalement à Gibraltar.

Des dix hommes du commando anglais, seuls Hasler et Sparks en ont réchappé. Sur les huit autres membres du commando, deux se sont noyés, et six furent capturés et fusillés : quatre à Paris le 23 mars 1943, et deux le 12 décembre 1942 au Château du Dehez à Blanquefort.

 

 


Le devoir de mémoire


Cette année des cérémonies marqueront le soixantième anniversaire de ce raid et notamment le mercredi 12 juin 2002 un sentier de randonnée sera inauguré entre Saint Genès de Blaye et Ruffec (160km) avec la participation du dernier survivant le Marine William Sparks et de nombreux randonneurs français et britanniques et des élèves du collège.

Du 5 au 7 décembre 2002, des commémorations auront lieu à Saint Georges de Didonne, Blanquefort et Ruffec en présence de personnalités britanniques de la plus haute importance.

 




Les héros

Britanniques fusillés par les allemands à Bordeaux en 1942:
Marine Robert Ewart né le 04 12 1921
Sergeant Samuel Wallace né le 24 09 1913

Britanniques fusillés par les allemands à Paris en 1943 :
Corporal Albert Friedrich Laver né le 29 09 1920
Marine William Henry Mills né le 15 12 1921
Lieutenant J.W. Mackinnon né le 15 07 1921
Marine James Conway né le 28 08 1922

Britannique mort noyé :
Marine David Moffat

Britannique disparu en mer :
Corporal C.G. Sheard

Français morts en déportation:
Monsieur Lucien Gody
Monsieur Maurice Rousseau
René Rousseau (16 ans)
Les deux frères Pasquereau.

Le colonel H.G Hasler appelé aussi " Major Blondie Hasler " est décédé en 1987.
Le dernier survivant est le Marine William Sparks né en 1922.




Bibliographie :

"The last of the Cockleshell heroes" de William Sparks& Michael Munn publié par Leo Cooper en 1992

"Cockleshell heroes" de C.E Lucas Phillips publié par Heinemann en 1956

"Blondie" de Ewan Southby publié par Leo Cooper en 1998

Article de Rachel Bridge paru dans " The Times " du 11 12 2000.

Un livre est en cours d'écriture par monsieur François Boisnier qui a donné une conférence à l'université d'été de Jonzac en 2001. Il est le président de l'association " Frankton Souvenir " Cette association de Barbezieux a pour but de perpétuer le souvenir de ce raid.

   
 
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