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Les
élèves de la section 4° européenne du collège
vous proposent de faire plus ample connaissance avec ces héros
de la seconde guerre mondiale.
En vous promenant autour du phare de Saint Georges
de Didonne, vous avez sûrement été intrigués
par la plaque commémorative de l'opération Frankton, un
épisode de la guerre très mal connu dans la région
où il s'est déroulé, mais célèbre en
Grande Bretagne.
Un film des années 50 " Cockleshell heroes " (titre français,
" Commando sur la Gironde ") retrace de façon un peu
fantaisiste ce fait historique et nous l'avons vu et étudié
avec notre professeur d'anglais.
Cet événement a eu lieu en 1942 et les protagonistes sont
britanniques, mais quelques français y ont participé et
quatre y ont laissé leur vie, ainsi que huit jeunes Marines.
Dans l'avant-propos
du livre " Cockleshell Heroes " de C.E Lucas Phillips, l'amiral
Lord Louis Mountbatten a écrit :
"Of the many brave and dashing raids carried
out by the men of the Combined Operations Command, none was more courageous
or imaginative than Operation Frankton."
( Parmi les nombreuses opérations éclair audacieuses effectuées
par les hommes du Commandement des opérations interarmées,
aucune ne fut plus courageuse ou imaginative que l'opération Frankton.)
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Le
raid
Le
7 décembre 1942, le sous-marin HMS Tuna émergea des profondeurs
de l'océan, à quelques milles de la Pointe de Grave. Des ombres
fugitives déballèrent des sacs et commencèrent le montage
des kayaks biplaces Cockle Mark 2 (coque de noix modèle N°2).
Parmi les six kayaks prévus, l'un fut endommagé à la
sortie du submersible et seuls cinq équipages entreprirent de remonter
l'estuaire de la Gironde en se cachant de jour pour poser des mines sur
les navires allemands du port de Bordeaux . Arrivés à Bordeaux,
ils abandonneraient leurs canots et essaieraient de rejoindre Ruffec, où
devaient les attendre des membres de la Résistance.
Une des cinq embarcations disparut en traversant la barre, et une seconde
chavira peu après (les deux membres de l'équipage furent remorqués
près du rivage et abandonnés à leur propre sort). Les
trois autres kayaks furent portés par la marée près
du môle du Verdon et obligés de se glisser entre le môle
lui-même et quatre navires ennemis à l'ancre. Peu après,
l'un des trois kayaks fut séparé du groupe et on ne le revit
plus.
Les deux kayaks restants, CATFISH (avec à son bord Hasler et son
co-équipier Sparks), et CRAYFISH, ne pouvaient naviguer que de nuit
et avec la marée favorable. Il leur fallait passer la journée
cachés dans les broussailles de la berge. Le 11 décembre,
tôt dans la matinée, ils trouvèrent enfin, en face de
Bassens, un endroit où se cacher.
Cette nuit-là, vers 21h, les deux kayaks se préparèrent
à exécuter la dernière phase de leur mission. Le CATFISH
se dirigea vers les quais de la rive gauche et réussit à fixer
des mines-ventouses sur trois grands navires amarrés à cet
endroit. Le CRAYFISH, ne trouvant aucune cible digne d'intérêt
sur la rive droite, retourna à Bassens et attaqua de la même
manière deux navires qui y étaient amarrés.
Mission accomplie, les quatre hommes avaient seulement quelques heures pour
s'enfuir de la région, détruire leurs kayaks et entreprendre
à pied le voyage jusqu'à Ruffec. Ils se hâtèrent
de descendre la Gironde, atterrirent près de Saint-Genès-de-Blaye,
coulèrent leurs embarcations et s'enfoncèrent dans les terres.
Pour plus de sûreté, les deux équipes se séparèrent.
Pendant ce temps, les mines avaient explosé. Quatre navires, le DRESDEN,
le TANNENFELS, l'ALABAMA et le PORTLAND avaient été très
sévèrement endommagés. Dans le cas du DRESDEN, sous
prétexte de combattre l'incendie qui se propageait, les pompiers
du port aggravèrent les dégâts en l'inondant afin d'aider
à le couler. On ne sait pas ce qu'il advint des deux autres navires,
un pétrolier et un Sperrbrecher allemand. |
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L'itinéraire de repli.
Les deux groupes vont entreprendre une randonnée de 160 Km dans
le froid, sous la pluie, et souvent la nuit pour rejoindre Ruffec. Le
14 Décembre, l'un des deux groupes, trahi à Montlieu La
Garde et arrêté par les gendarmes, est remis aux Allemands
,et sera fusillé en Mars 1943). Il ne reste plus après cette
arrestation que deux hommes (Hasler et Sparks) perdus sur les routes Girondines
puis Charentaises.
Après le 7ème jour de marche, mourant littéralement
de faim, ils parviennent à Saint-Même les Carrières.
Pris en charge, hébergés, nourris (à citer l'accueil
inoubliable de Clodomir Pasquereau) par certains habitants, ils atteignent
Ruffec le 18 Décembre après-midi.
Hasler et Sparks ont
traversé : St-Genès de Blaye, Brignac, Donnezac, Rouffignac,
Ozillac, St-Germain de Vibrac, St-Ciers Champagne, Touzac, St-Preuil,
le Temple, Beaunac, Raix.
A Ruffec, ils savent seulement qu'ils doivent rencontrer un monsieur Armand
dans un petit hôtel de la ville. Au hasard, se fiant à leur
flair, car ils n'ont aucune adresse pour trouver ce monsieur, ils s'arment
de courage et entrent à l'Hôtel-Restaurant de la " Toque
Blanche ".
A la nuit tombée, à travers bois, un passeur les conduit
jusqu'à Marvaux, dans la ferme isolée de Mr et Mme Armand
Dubreuille, membre du réseau " Marie-Claire ", réseau
mis en place par Marie Lindell, Comtesse de Milleville.
Dès le lendemain, monsieur Dubreuille (le monsieur Armand de Londres)
envoie un télégramme à Lyon à l'adresse de
Marie Lindell, puis un autre et encore un autre, sans réponse !
Les deux anglais, cachés dans une chambre de la ferme, ne sortant
que la nuit, commencent à trouver le temps long.
Enfin, après 42 jours d'attente, dans l'angoisse que l'on devine,
le fils de Marie Lindell, âgé de 18 ans, arrive et prend
en charge les deux hommes. Aussitôt, ils partent sur trois vélos
jusqu'à Roumazières où, au culot, ils prennent le
train jusqu'à Limoges, puis Lyon où les attendait Marie
Lindell qui avait été victime d'un grave accident.
A partir de là, plusieurs résistants les aidèrent
jusqu'à Perpignan, puis ils traversèrent les Pyrénées
à pied dans la neige et arrivèrent enfin au Consulat Britannique
de Barcelone, et finalement à Gibraltar.
Des dix hommes du commando anglais, seuls Hasler et Sparks en ont réchappé.
Sur les huit autres membres du commando, deux se sont noyés, et
six furent capturés et fusillés : quatre à Paris
le 23 mars 1943, et deux le 12 décembre 1942 au Château du
Dehez à Blanquefort.
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